Avec cette nouvelle publication, Maurizio Pollini revisite les trois dernières sonates de Beethoven (Op. 109 à 111), quarante années après avoir enregistré pour la première fois ces pages où le compositeur porte le genre à des hauteurs sans précédent. Le pianiste italien explique ainsi qu’il a toujours pu découvrir continuellement, depuis janvier 1977 (année de son premier enregistrement de la No. 32, les Nos. 30 et 31 datant elles de juin 1975), au fil des nombreuses occasions où il put interpréter ces trois sonates, des richesses dans les plus infimes détails du matériau et de la structure. Dans ses dernières sonates, Beethoven s’éloigne des conventions de la « forme sonate », qu’il a finalement toujours revisitée depuis son Opus 27 (Quasi una fantasia, Clair de lune), et insère une diversité de formes époustouflante. Ainsi, la variation (Op. 109, Arietta de l’Opus 111) et la fugue (Op. 110, après celle de l’Opus 101) prennent ici une importance inédite, tout comme des épisodes vraiment très libres, où Beethoven semble exprimer des sentiments très personnels, amorçant une révolution expressive qui sera celle du Romantisme ultérieur où la subjectivité pourra dominer la structure. Enregistré en concert, Maurizio Pollini – qui n’est définitivement plus ce pianiste sûr, techniquement, qu’il était il y a trente ans – met à ces pages une urgence (Op. 109) et un sens lyrique (Op. 110) étonnants, qui placent cette parution comme la plus indispensable de tous les récitals de Pollini parus ces dernières années (Beethoven, Debussy, Chopin). À écouter de toute urgence. © Pierre-Yves Lascar/Qobuz