Il y a presque quinze ans, avec Louxor j’adore, Katerine devenait un chanteur populaire. En 2018, récompensé d’un César pour son rôle dans Le Grand Bain, il est aussi devenu un acteur populaire. Mais de quel peuple Katerine est-il le héros ? Qui va chanter en chœur ses nouvelles chansons, où il est question d’arbres en saucisse, de parler avec un chewing-gum ou de trois moines à quatre pattes ? Pour fêter son dixième album, Katerine a l’air de plus en plus fou, de plus en plus libre. De chanter des insanités lubriques avec une voix d’enfant de 7 ans. D’inviter sur son album Léa Seydoux, Lomepal, beau-papa Gérard Depardieu, Oxmo Puccino, Camille ou Chilly Gonzales... De poser sur la pochette de Confessions avec un pénis à la place du nez. Musicalement, Katerine fait ce qu’il a toujours fait : évoluer à chaque album.
Après le sous-estimé album Le Film, joué en piano-voix, il explore ici les sons synthétiques, les samples, le chant légèrement autotuné et aussi la flûte à bec. Au croisement entre la pop et le rap indolent d’aujourd’hui, la musique est bonne et les chansons plus profondes que leur apparente idiotie. On entend les pensées intimes de Katerine dans Confessions : des histoires de papa, de fils, d’amant, de suicidé, de ras-le-bol social, des histoires d’amour et des problèmes de sexe (ou le contraire). Et comment décaler le regard sur le monde pour le rendre plus supportable. Avec son nouveau nez et ses nouvelles oreilles, Katerine ressemble à un Teletubby éjecté du dessin animé et condamné à vivre en France dans les années 2010. Il a besoin d’amour, et va en recevoir. © Stéphane Deschamps/Qobuz