Le rap est un sport de haut niveau et Future est un compétiteur né. Au sommet depuis son deuxième album Honest, sorti il y a déjà cinq ans, le roi d'Atlanta n'a que très rarement donné l'occasion à ses challengers (qui, pour la plupart, sont des disciples revendiqués) de mettre en doute sa suprématie. Mais 2018 aura été une année calme pour Nayvadius Wilburn et il se devait de frapper un grand coup pour récupérer sa ceinture. Accompagnée d'un documentaire à sa gloire, la sortie de The WIZRD, septième album studio de Future, est l'un des événements rap de ce début d'année. En 20 courts morceaux qui ne laissent guère de répit à l'auditeur, Future – avec un pool de producteurs renouvelé (l'illustre inconnu ATL Jacob, à peine 20 ans, signe 7 titres) – excelle une fois de plus dans ce mélange si particulier de rap triomphant et matérialiste (les arrogants Crushed Up ou Krazy but True) et de blues sous Auto-Tune (la déchirante intro Never Stop) qui a fait sa légende.
Maître de son art, il est loin de se contenter de dérouler et s’accommode sans problème d'un beat qui change en plein milieu du morceau (F&N), rivalise de fulgurances avec un Young Thug très en verve (Unicorn Purp) et s'amuse à sampler son propre répertoire sur Temptation et Baptiize. Quant à la concurrence des jeunes pousses, qu'il ne rechigne pas à adouber au passage (Lil Baby, Gunna ou Juice Wrld ont ses faveurs), il ne semble guère s'en inquiéter : "You can be the wave, I'm the ocean". © Damien Besançon/Qobuz