Le 8 décembre 2019, Juice WRLD décédait des suites d’une crise d’épilepsie probablement liée à une prise excessive de codéine et d’oxycodone. Un séisme dans le monde du rap. Huit mois plus tard, voici Legends Never Die, premier album posthume du natif de Chicago, probablement le premier d’une longue série selon son entourage. Et comme toute production sortie après le décès de l’artiste, il y a forcément la tentation de lire entre les lignes, de déceler la chronique d’une mort annoncée. Ici, cela n’a rien de compliqué.
Musicalement, ces 21 titres sont dans une démarche assez similaire à celle pratiquée par Juice WRLD de son vivant. Une trap teenage emplie de guitares, comme d’ailleurs de nombreux projets rap actuels, contant les méandres de l’esprit de l’artiste. Avec son décès, les traces textuelles de l’autodestruction (Conversations, Life’s a Mess, Up Up and Away…) ne se font que plus prégnantes. Le mal-être domine, comme le titre Bad Energy le confirme : « Codeine kills the drama / And the trauma in my head. »
A sa sortie, Legends Never Die a obtenu le meilleur démarrage de 2020 pour un album, montrant que si la quête de rédemption ou les accents rock évidents (notamment Come & Go) sont omniprésents, ils ne doivent pas occulter le travail léché de production fourni par l’armée de beatmakers conviés, comme Nick Mira, dont la couleur sonore plane sur cet album. Il ne doit pas non plus faire oublier que Juice WRLD était un archétype du son de son époque, une comète dont l’image et la musique devraient encore être exploitées durant plusieurs années. © Brice Miclet/Qobuz