Paper Gods

S'il n'y avait inscrit Mark Ronson aux crédits de la production du quatorzième opus de Duran Duran, le morceau-titre d'ouverture de Paper Gods laisserait accroire à l'intervention d'un certain Brian Eno, tant le choeur pastoral de l'introduction évoque le « God » de l'ambient, avant un refrain solide, appuyé par la présence de Mr Hudson des deux côtés de la console.

Simple clin d'oeil de la part d'un groupe revenu de loin, qui surprit jusque les esprits les plus sceptiques en 2011, avec l'album All You Need Is Now ? Les Dupont-Dupond d'outre-Manche livrait alors une machine à hits dont ils détenaient la recette au début des années 1980, avant d'en jeter la clé avec l'elixir d'éternelle jeunesse au tournant fatidique de la décennie suivante.

C'est la même formation de cette verte période qui opère en compagnie de deux des plus fines lames de la production à travers les générations : Mark Ronson et Nile Rodgers. En grand orchestrateur, mélodiste aguerri, parolier malin et chef de bande, Simon Le Bon tient les rênes d'une douzaine de compositions efficaces, intraçables, d'un style pop rock synthétique et familial renforcé par un mur du son tapissé au rouleau-compresseur.

Dès lors, il paraît difficile de ne pas, sinon succomber, du moins admettre la viabilité du projet qui place en exergue des invités comme la chanteuse Kiesza dans « Last Night in the City » et lance sur orbite le Danois Jonas Bjerre sur « Change the Skyline ». Partagé à égale mesure entre l'electro-pop musclée de « You Kill Me With Silence » et les infusions de guitare signées John Frusciante (ex-Red Hot Chili Peppers), notamment sur « What Are the Chances? » et « Butterfly Girl », Paper Gods bénéficie encore des services de Nile Rodgers pour les cocottes funky qui allument le refrain sexy du premier extrait, « Pressure Off », co-interprété par Janelle Monàe.

À de rares exceptions, dont fait partie « Face for Today », produit par Josh Blair, le soufflé retombe dans l'ordinaire disco, tel « Danceophobia », que la présence de Lindsay Lohan en guest star ne parvient à affoler. Sorti de cet épisode dancefloor, Duran Duran retrouve quelque grandeur des lustres passés, et propose pas moins de cinq doses supplémentaires avec les pièces inédites « Planet Roaring », « Valentine Stones » et « Northern Lights », présentes dans l'édition spéciale de Paper Gods, ou « On Evil Beach » et « Cinderella Ride » pour une version Target exclusive.
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