Les Anglo-Saxons appellent ça le "breakthrough album", le disque qui fait passer un artiste dans une autre dimension. Pour Jon Hopkins, ce fut Immunity, en 2013, qui mit le nom de cet habile sorcier de studio britannique sur toutes les lèvres dans le grand barouf de la dance music, et même au-delà. Porté par un tube de huit minutes, Open Eye Signal, il a expédié son auteur vers les salles à grosse jauge et les festivals les plus prestigieux du moment. Du coup, cinq années plus tard, la critique et le public attendaient l’Anglais au tournant et, disons-le tout de suite, personne ne sera déçu. Installé dans la patrie du Grateful Dead, en Californie, devenu adepte des retraites méditatives dans le désert, Jon Hopkins en est revenu avec un disque en forme de trip psychédélique, montée, pic et redescente inclus. Le voyage démarre avec Singularity, une longue plage qui rappelle les meilleures prises de Moderat (le supergroupe d’Apparat et Modeselektor), avec un son d’orgue lancinant, des beats composés de glitchs et cette basse assommante, suivi d’Emerald Rush et ses sonorités qui nous ont régalés chez Bicep l’an passé.
Le pic arrive sur Everything Connected, le grand œuvre de cet album, une plage de 10 minutes de techno minimaliste et psychédélique, catchy mais raffinée, subtile et intelligente. Un titre calibré pour rester dans les annales et les flight cases des DJ’s durant de long mois. C O S M, avec sa basse massive, démontre le talent du Britannique pour produire des gros sons, puis on redescend peu à peu avec Feel First Life, un titre ambient qui redonnera du lustre aux playlists des salons de massage. Jon Hopkins clôt l’aventure avec un piano solo et les notes d’espoir du minimaliste Recovery, comme s’il souhaitait engager l’auditeur sur le chemin de la méditation et de l’introspection. Vu ce qu’il en a ramené, on serait bien inspirés de le suivre. © Smaël Bouaici/Qobuz