Dans la horde de groupes estampillés new wave et qui verront le jour à l’aube des années 80, Depeche Mode affichera rapidement sa singularité, proposant une alternative à la musique des deux autres géants de l’époque, The Cure et U2. De la new wave sombre à l’electro-pop il n’y a qu’un pas que la bande de Dave Gahan et Martin Gore franchira brillamment. Des débuts sur les sentiers de la synthpop fleurant bon les années 80 puis un virage avec des productions aux sonorités nettement plus industrielles, plus sombres et savamment grandiloquentes… Presque 40 ans après sa naissance, le groupe britannique ne se repose pas sur ses lauriers et prouve même que son inspiration est loin d’être en berne. Avec Spirit, Dave Gahan, Martin Gore et Andy Fletcher ont même chamboulé leurs habitudes en ne travaillant plus avec Ben Hillier, aux commandes de Playing The Angel (2005), Sounds Of The Universe (2009) et Delta Machine (2013). Pour ce 14e album, Depeche Mode a en effet confié sa production à James Ford (ex-membre de Simian Mobile Disco et producteur des Arctic Monkeys, Klaxons, Last Shadow Puppets, Foals et Florence + The Machine) qui a taillé des habits beaux et sombres, d’une froideur jamais repoussante. Le trio innove aussi côté textes, les paroles de cette cuvée 2017 évoquant assez clairement les nombreux maux de la planète. Un choix inédit, Depeche Mode n’ayant jamais vraiment joué la carte de l’engagement politique en quatre décennies d’existence. Heureusement pour leurs fans, Gahan, Gore et Fletcher demeurent les princes des ténèbres d’une synth pop flamboyante qu’ils ont su adapter aux sons de leur époque. Enfin, cerise au sommet de ce gâteau, la voix rauque de Dave Gahan, inoxydable et toujours aussi impressionnante, surtout dans les ballades épurées comme The Worst Crime. © MD/Qobuz