Alors que nombre de producteurs électroniques se posent plusieurs années la question avant d’oser un premier album, Xosar en est déjà à son cinquième long-format. Sans doute parce qu’elle sait que sa musique s’apprécie au long cours, la productrice californienne délivre 52 minutes de jam de studio composé avec son arsenal de machines analogiques (quand elle vivait avec le producteur néerlandais Legowelt, le couple avait, dit-on, cinq chambres remplies de synthétiseurs). Xosar, pour qui la composition est avant tout une thérapie, s’est, selon ses mots, “libérée de ses propres peurs” avec ce disque, qui évoque “un nihilisme optimiste”.
Un oxymore qu’on ressent sur l’ouverture ambient Transmogrification, avant une plongée dans un thème postapocalyptique sur le beat tribal de A Heart Encircled by a Serpent. La suite alterne ombre et lumière dans un maelström d’éléments musicaux entre EBM, industriel, techno ou electronica, qui passent, repassent, et parfois s’installent un temps, avant de repartir dans le cerveau de la Berlinoise. Un disque qui s’écoute d’une traite (on ressortira quand même du lot les neuf minutes épiques de l’hymne de rave 90’s Heavens Gate) et sur lequel il se passe toujours quelque chose, loin des autoroutes sans relief du commun des artistes du genre. En livrant un nouvel album très personnel, Xosar montre la voie à suivre à tous ceux qui souhaitent sortir du lot. © Smaël Bouaici/Qobuz