Susanna Mälkki fait partie des très nombreux interprètes et compositeurs finlandais travaillant dans le monde entier, grâce au niveau d’excellence exceptionnel de l’enseignement musical dans ce pays peuplé de moins de six millions d’habitants. Élève du grand Jorma Panula qui a formé un nombre impressionnant de grands chefs d’aujourd’hui, Susanna Mälkki s’est vite imposée en spécialiste de l’opéra et de la musique d’aujourd’hui. Elle a entre autres collaboré avec le Klangforum de Vienne et dirigé, de 2006 à 2012, l’Ensemble Intercontemporain fondé par Pierre Boulez à Paris.
Ce nouvel album enregistré à Vienne avec l’Orchestre de l’ORF (Radio-Télévision Autrichienne) est entièrement consacré à Zemlinsky, éternel laissé pour compte, proche de la Seconde École de Vienne, dont le langage est resté post-romantique et expressionniste. La puissance et l’originalité de sa musique ont été longtemps sous-estimées en dépit des efforts de son beau-frère et ami Arnold Schönberg et du relatif engouement que sa musique suscite depuis les années 1970. L’infortuné compositeur mourra seul, et oublié à New York, des suites d’un AVC en 1942.
Dans sa Sinfonietta op. 24 qui suscitait l’admiration de Schönberg, il reprend un thème du dernier de ses Maeterlinck-Lieder, composés en 1913. Vantés par Theodor Adorno, ces Lieder, tourmentés et quasi métaphysiques, évoquent les questions existentielles et la magie d’un monde perdu. Familière de cet admirable cycle, la soprano allemande Petra Lang en avait déjà laissé une belle interprétation sous la direction de Vladimir Jurowski en 2010. Le temps et le chant wagnérien ont certes passé sur sa voix, mais on retrouve la même intensité dramatique dans cette nouvelle version.
Pour faire bon poids, l’éditeur a eu la bonne idée de compléter le programme avec l’enregistrement plus ancien de deux extraits du Roi Candaule, opéra composé en 1935 d’après la pièce d’André Gide, sous la direction de Gerd Albrecht à la tête du même orchestre viennois. © François Hudry/Qobuz