Attention, il n’est pas ici question de Batushka, fameux groupe polonais de post-black à l’esthétique directement inspirée de l’église orthodoxe. Ou tout du moins, pas directement. Zhizn’ n’est pas le nouvel album de ce groupe désormais scindé en plusieurs entités se revendiquant les « vrais » Batushka, mais au contraire une blague adressée à eux et à leur feuilleton judiciaire. Batyushka est donc un quatuor russe, sans lien aucun avec le groupe susnommé, se présentant comme prêtres orthodoxes de profession, promouvant un « unblack » metal (donc du black metal chrétien) et revendiquant à leur tour la seule légitimité à porter le nom de Batyushka. Quid de la musique ? Sans le contexte, il serait facile de catégoriser Zhizn’ comme un album de black/doom lo-fi relativement classique. La dimension parodique du groupe apporte cependant un supplément d’âme, en plus de faire rire, comme le font si bien les blagues qui ne disent pas leur nom. Car tous les clichés du genre sont là, le second degré en plus. La production plus trve que trve, la longueur des pistes, la monotonie des trémolos de guitare surplombés et les éructations prosélytes du chant à la limite de la redondance sont en fait de vraies preuves d’humour, un véritable pied de nez à la scène post-black qui, au sommet de sa popularité, se retrouve mêlée à des affaires judiciaires d’ordinaire réservées aux musiques plus mainstream. Comme un rappel de l’origine spontanée de cette musique qu’elle semble avoir perdue avec le succès. © Théo Roumier/Qobuz