Avec Dancing with the Beast, Gretchen Peters a choisi le label Proper Records pour sa country-folk au souffle rock et sa plume de l’americana. Née à New York mais élevée dans le Colorado, elle s’impose depuis plus d’une dizaine d’années sur la scène américaine. Elle fut nominée pour deux Grammy Awards pour Independence Day et You Don't Even Know Who I Am et confirme d’album en album son talent de songwriter. Particulièrement touchée par la situation de son pays, Peters possède un vrai don lorsqu’il s’agit de traiter de sujets sombres et inquiétants sans pour autant donner des envies de suicide. Dancing with the Beast est une confrontation à la fatalité, à la condition humaine qu’il n’est pas toujours facile d’accepter. Portée par sa voix légère mais puissante et sa country mélodieuse, elle signe un disque aux thématiques pesantes mais qui inspire le respect et met surtout en valeur les héros du quotidien. Elle ne cherche pas à séduire mais à apaiser face à ces réalités.
Autant dire qu’avec Gretchen Peters, la pilule passe toujours bien. Même si elle signe toutes les compositions, le premier titre Arguing with Ghosts fut coécrit avec Matraca Berg et Ben Glover, tous les trois attachés à Nashville et dépassés par les changements d’une ville qu’ils ne reconnaissent plus. La nostalgie règne sur cette chanson relativement personnelle. Alors que les dix autres titres défilent, leur auteur ne choisit pas des thèmes autobiographiques. Ses chansons ressemblent davantage à une suite de lettres d’inconnus partageant leur vie. Très émouvante sur Wichita, elle devient une jeune fille de 12 ans, très protectrice avec sa sœur. Les chagrins d’amour résonnent sur The Boy from Rye et les mensonges des politiques sont dénoncés sur Lowlands. De son point de vue féministe, Gretchen Peters s’affirme comme une artiste qui n’hésite pas à dire les choses. Elle offre aussi une part d’espoir avec le dernier titre, Love That Makes a Cup of Tea, où règne l’amour avec un grand A. © Clara Bismuth/Qobuz