“Migos sont les Beatles de cette génération”, avait dit Donald Glover lors de la remise du Golden Globe de la meilleure série à son show Atlanta, en 2017. C'était après le raz-de-marée de Bad & Boujee, le tube du trio que Glover a su filmer avec humour. Aucun des trois Migos n'avait encore franchi le pas de l'album solo ; après Quavo et Takeoff à l'automne dernier, c'est au tour d'Offset, né Kiari Kendrell Cephus en décembre 1991, de s'y atteler. Et des trois propositions, c'est de loin la plus personnelle et la plus sombre. On connaissait ce penchant chez Offset, qui a partagé une excellente mixtape avec les ténébreux 21 Savage et Metro Boomin, mais c'est un narrateur honteux et brisé qui se présente à nous sur ce Father of 4 et ce dès la confession inaugurale sous Auto-Tune, qui rappelle le Future le plus repentant. Si Tats on My Face est un banger syncopé typique de Migos et s'il succombe à la tentation d'inviter quelques copains capés (Travis Scott, Gucci Mane, J Cole…) et son ex Cardi B (qui hante une bonne partie des morceaux), Offset a réussi à s'aménager un espace qui lui est propre et prouve qu'il peut se passer de Quavo et Takeoff. Bien aidé par les brillants Metro Boomin et Southside qui excellent dans les ambiances funestes, toutes cordes dehors, il enchaîne les morceaux introspectifs et digresse sur la mort, ses addictions et sa propre couardise sans pour autant délaisser les flows ternaires athlétiques (Made Men, How Did I Get Here) et les ad-libs absurdes qui en font un des rappeurs les plus performants et divertissants du game. © Damien Besançon/Qobuz