Enregistré lors d’un concert au Café de la Danse en novembre 2017, cet album fait figure de panorama idéal de la riche carrière de l’auteur-compositeur-interprète d’origine lyonnaise. Des morceaux emblématiques de Starshooter (groupe punk rock mythique des années 80) jusqu’aux standards de sa carrière solo, Kent prouve la cohérence de son répertoire malgré la variété des styles musicaux. Seul ou accompagné de son groupe, il dénonce les dérives du monde du travail (Chagrin d’honneur), dépeint le survivant d’un attentat (Un Revenant), et rend un hommage nostalgique à Hergé et Paul Eluard (Les Oranges bleues). Ce qui caractérise Kent – et que ce live traduit à la perfection –, c’est son regard à la fois tendre et insolent sur ses contemporains.
Il scrute les sentiments humains avec précision et compassion, tout en étant enclin à bousculer les choses lorsque c’est nécessaire. A cet égard, la chanson qui ouvre l’album (Les Vrais gens) est très parlante : il y évoque le thème délicat de « la France d’en bas », mais en évitant soigneusement la démagogie et la complaisance. Dans le même esprit, on retrouvera avec plaisir son tube J’aime un pays, croquis drôle et acide de l’Hexagone, paru dans l’album A nos amours en 1990. Dans la catégorie « tubes intemporels », citons également une version plutôt dépouillée de Juste quelqu’un de bien, qui nous rappelle que Kent est également un songwriter régulier pour ses confrères (en l’occurrence Enzo Enzo). Enfin, ce live comprend quelques duos émouvants, avec Alex Beaupain et Katel notamment. ©Nicolas Magenham/qobuz