C’est un programme très intéressant qui est proposé ici par le jeune violoncelliste allemand Leonard Elschenbroich qui mêle musique de chambre et musique concertante. Formé à l’Université de Musique et de Danse de Cologne il a remporté le Prix Leonard Bernstein du Schleswig-Holstein en 2009, ce qui lui a valu de jouer le Double Concerto de Brahms aux côtés de Anne-Sophie Mutter sous la direction de Christoph Eschenbach. Chambriste au sein du Trio Sitkovetsky, Leonard Elschenbroich joue sur un violoncelle Matteo Goffriller de 1693 ayant appartenu à Leonard Rose, un instrument connu pour la douceur et la beauté soyeuse de sa sonorité. S’étant parfaitement accommodé, contrairement à Chostakovitch, au régime soviétique durant toute sa carrière, Dmitri Kabalevski fait aujourd’hui partie des réprouvés. Si sa musique n’a effectivement rien de révolutionnaire, son Deuxième Concerto pour violoncelle est toutefois une des meilleures œuvres sorties de sa plume prolixe. On y retrouve l’esprit de satire propre à l’esprit russe et des moments d’une expression déchirante qui sied si bien au timbre quasi humain du violoncelle. Écrite en 1949 par Prokofiev pour le jeune prodige du violoncelle Mstislav Rostropovitch, la Sonate Op. 119 a été créée par le compositeur et son dédicataire dans la petite salle du Conservatoire de Moscou en 1950. Comme pour l’œuvre de Kabalevski, Prokofiev emploie ici un langage résolument néoclassique souvent inspiré des œuvres que Beethoven écrivit pour un duo semblable, mais teinté du « motorisme » qui est la marque de son auteur. Leonard Elschenbroich complète ce programme avec quelques bis signés… Kabalevski et Prokofiev, avec grâce et élégance. © François Hudry/Qobuz