En 2017, IAM partait en tournée pour les 20 ans de son mythique album L'Ecole du micro d'argent. Un sacré jalon, surtout pour un groupe de rap, mais qui n’a jamais ringardisé les auteurs du Mia, toujours aussi populaires dans l’Hexagone malgré le succès de la nouvelle génération de rappeurs auprès des jeunes. Sans doute parce que les Marseillais sont toujours très actifs : en 2017, ils célébraient le passé en sortant un nouveau disque, Révolution, suivi à l'automne 2019 par Yasuke, leur neuvième album, du nom d’un esclave africain devenu le premier samouraï étranger du Japon.
Une histoire forcément évocatrice pour des rappeurs qui ont fait de la tolérance et des arts martiaux leurs motifs récurrents, et portée par un beat épique/mélancolique sur le morceau-titre. On retiendra également Eldorado, guidé par un sample de guitare tzigane (le même que le Haunted & Nervous de Sizzla en 1998) avec Kalash en featuring efficace et un DJ Kheops précis sur les scratches, dans une ambiance à la Sad Hill, son album de 97. Et Self Made Men, un des meilleurs du disque, bien street sur un instru nerveux avec Soprano et ses cousins des Comores, les Psy 4 De La Rime. A noter aussi, Remember, sur lequel on reconnaît immédiatement la guitare afrobeat de Femi Kuti, le flow toujours aussi virulent de Faf Larage sur Fin des illusions, et le rappeur de New York Skyzoo, excellent sur le beat très laid back de Good Morning Song. IAM n’a pas trop changé, et c’est sans doute mieux comme ça. © Smaël Bouaici/Qobuz