La musique française oubliée refait surface depuis quelques années grâce à l’initiative et aux publications du Palazzetto Bru Zane auquel la France doit une fière chandelle. Sans elle, personne n’aurait pu soupçonner l’existence de compositeurs de talent gravitant autour d’un Berlioz, d’un Debussy ou d’un Ravel. Ce nouveau volume monographique de la collection Portraits comprend de la musique de chambre, chorale et symphonique de Fernand de La Tombelle (1854-1928), compositeur et organiste parisien qui participa à la fondation de la Schola Cantorum de Paris aux côtés de Vincent d’Indy. On lui doit un vaste catalogue épousant tous les genres à l’exception notable de l’opéra. Cet aristocrate cultivé, originaire de la Thiérache par son père et de la Dordogne par sa mère, était un humaniste se passionnant également pour la poésie, le folklore, la photographie et l’astronomie.
L’ardent chef de chœur et d’orchestre Hervé Niquet se dévoue sans compter pour de telles exhumations. On lui doit des interprétations pleines de tension dramatique, à la tête de l’excellent Brussels Philharmonic, dans le premier volet de cet album, comprenant la Fantaisie pour piano et orchestre (Hannes Minnaar au piano), lorgnant du côté de Liszt et de Saint-Saëns, et deux suites pour orchestre, Impressions matinales et Livre d’images, dans une veine ouverte par Jules Massenet.
Dans le deuxième volume consacré à la musique de chambre, on découvrira une étonnante Sonate pour trois violoncelles (François Salque, Hermine Horiot, Adrien Bellom) où plane le souvenir de Fauré (Andantino) et de Peer Gynt (Lento), le chef-d’œuvre de Grieg qui marqua beaucoup les esprits. Le Quatuor avec piano (I Giardini) et la Sonate pour violoncelle (Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel) viennent compléter ce portrait auquel viennent s’ajouter des mélodies (Yann Beuron et Jeff Cohen) et des pièces chorales (Flemish Radio Choir). Une pièce à conviction de plus pour témoigner de la richesse et de la diversité de la création française. © François Hudry/Qobuz