Seuls les vrais savent que Lee Konitz compte parmi les derniers géants de l’histoire du jazz. Pas les petits maitres, non, les vrais géants ! Ces empêcheurs de tourner en rond, capables de secouer le jazz cool comme la scène free… A quelques encablures de ses 90 ans, le saxophoniste de Chicago réunit des complices de son calibre pour enregistrer cet album, son premier pour le label Impulse ! : le pianiste Kenny Barron, le batteur Kenny Washington et le contrebassiste Peter Washington. Malgré le temps qui passe et une vivacité moins évidente, Lee Konitz possède toujours ce son unique, cet alto qui proposa très tôt une alternative à la révolution parkerienne. Reste à se laisser porter par ses phrases fluides et profondes, comme burinées par les années. Par ces narrations de celui qui a tout vu, tout entendu, mais n’use jamais de ses faits d’arme ou de ses médailles. Etre aussi frais, inspiré et jamais blasé lorsqu’on a croisé le fer avec les Miles Davis, Lennie Tristano, Bill Evans, Gerry Muligan, Stan Kenton, Dave Brubeck, Ornette Coleman, Charles Mingus et autres Elvin Jones, pour n’en citer que quelques-uns, n’est pas à la portée de tout le monde. Et pour une fois de plus innover encore et toujours, Lee Konitz s’amuse même à de petits interludes de scat. Un régal ! © Marc Zisman/Qobuz