Contemporain de Sammartini, de Blavet, ou encore de Gluck et de C. P. E. Bach en tirant sur les dates, Louis-Gabriel Guillemain (1705-1770) connut le sort cruel de bien des compositeurs : célèbre de leur vivant, oublié « post mortem ». « Musicien ordinaire » à la cour de Louis XV, royalement payé, il se fit un grand nom en tant que violoniste virtuose et compositeur. Hélas, il était aussi réputé pour ses goûts extravagants et, quand bien même fut-il riche et protégé par la cour, il se trouva rapidement ruiné, poussé à l’alcoolisme et finalement au suicide. Son œuvre, qui se limite (du moins ce qui nous est parvenu sous forme de publication) à dix-huit œuvres, exclusivement instrumentales, s’étale de 1734 et 1762 ; un habitué des Concerts spirituels, il acquit une renommée considérable comme symphoniste, même si sa timidité semble l’avoir écarté de la scène. Les Six Sonates en Quatuor Op. 12, furent publiés à Paris en 1743. Il s’agit, selon la préface elle-même, de « Conversations galantes et amusantes entre une flûte traversière, un violon, une basse de viole et la basse continue » ; le style ne manque pas de références à la mode italienne alors en furieuse vogue, ce qui n’étonnera pas si l’on sait que Guillemain voyagea plusieurs fois au-delà des Alpes pour se familiariser avec ce qui se faisait de mieux alors. L’ensemble Fantasticus joue, on s’en sera douté, sur instruments d’époque – personne n’ose jouer sur instruments modernes la musique baroque de compositeurs « mineurs » d’ailleurs –, dans un jeu effectivement plein de fantaisie et d’humeurs contrastées. © SM/Qobuz