Quelle absurdité que la vie d’Henri Marteau ! Né en France en 1874 d’un couple franco-allemand, rapidement devenu violoniste star de la scène internationale, professeur très estimé au Conservatoire de musique de Genève (1900-1908) puis à la Hochschule für Musik de Berlin où il enseigna à partir de 1908, notre compositeur-violoniste se vit accusé pendant la Première Guerre par la France d’être un espion allemand et par l’Allemagne d'être une taupe française. Déchu de son poste berlinois, il fut placé en résidence surveillée, avant de s’enfuir en Suède, où il obtint la nationalité en 1915. À la fin de la guerre, il reprit ses activités, à l’Académie Allemande de Prague, puis au Conservatoire de Leipzig et finalement jusqu’à sa mort en 1934 au Conservatoire de Dresde. Son Quintette avec clarinette de 1908, ici donné par le Praetorius Quartett et le clarinettiste Andreas Schablas, n’est pas sans rappeler parfois les accents chromatiques d’un Wagner, tout en intégrant bon nombre de tournures purement françaises – on n’est pas franco-allemand pour rien – de la nouvelle vague d’alors. Le Second Quatuor à cordes, créé en 1905, affirme haut et fort que Marteau était un grand admirateur de Max Reger ; on entend ici le quatuor qui a repris le nom du compositeur. Henri Marteau, un compositeur qu’il est bon de ne pas laisser de côté. © SM/Qobuz