Dans "Clorinda e Tancredi", un programme élaboré autour des voix privilégiées de la soprano Francesca Lombardi Mazzulli et du ténor Luca Dordolo, Marco Mencoboni et Cantar Lontano nous permettent de savourer l’art avec lequel Monteverdi, dans ses oeuvres profanes de la maturité, mit sa musique au service de la parole avec une intensité novatrice inouïe. Cette série de madrigaux – dans le sens le plus ample de la définition de la forme – culmine dans l’interprétation hautement dramatique du Combattimento di Tancredi e Clorinda (avec Luca Dordolo dans le rôle de Testo).
Francesca Lombardi Mazzulli – qui brillait dans les récents Alcina de Francesca Caccini et Silla de Handel, chez Glossa – est stupéfiante dans sa version passionnée du Lamento della ninfa, une oeuvre basée sur un ostinato que l’on retrouve dans le fascinant bonus track, Usurpator tiranno de Giovanni Felice Sances. Citons aussi deux des autres oeuvres choisies par le spécialiste de Monteverdi Marco Mencoboni, Ed è pur dunque vero (des Scherzi musicali) et la Lettera amorosa (du Septième Livre des madrigaux) pour représenter ce « choc de l’innovation ».
Dans son texte pour le livret de cette nouvelle manifestation de la passion incessante de Glossa pour le Seicento, Pierre Élie Mamou nous offre une interprétation attachante du Combat entre le stile moderno adopté par Monteverdi et les idéals de la Renaissance auxquels Artusi restait fidèle, qui s’exprime avec tant de puissance dans le véritable Combattimento.© Glossa