Jusque dans les années 1770, une sonate pour clavier et violon était essentiellement une œuvre pour clavier avec accompagnement de violon, ce dernier se bornant à doubler la partie de main mélodique. Avec Mozart, tout allait changer ; pour preuve ces Sonates écrites entre 1778 et 1784, dans lesquelles le violon prend son envol, dans un idiome spécifiquement violonistique, avec échanges permanents entre le clavier et lui. C’est que ces pièces étaient moins conçues pour d’aimables amateurs férus de Hausmusik (même si Mozart, ou plutôt ses divers éditeurs, ne dédaignai(en)t pas de leur vendre des partitions à usage privé) que pour de véritables professionnels de la scène musicale. Ainsi une lettre de Mozart datée 1784, dans laquelle il explique qu’une jeune violoniste italienne est arrivée à Vienne et qu’il vient de lui écrire une sonate (la K. 454 ici présentée) qu’ils joueront « en récital au théâtre jeudi prochain ». Et en effet, le récital eut lieu au Kärtnertortheater, en présence de l’empereur… Le violoniste Riccardo Minasi – qui fut pendant plusieurs années le meneur de l’ensemble Il Pomo d’Oro – sur un Antonio & Hieronymus Amati de 1627 (qu’il fait sonner selon les modes d’exécution en vogue à l’époque de Mozart) et le fortepianiste Maxime Emelyanitchev, qui joue sur une copie de fortepiano viennois d’Anton Walter de 1805. Pour mémoire, les Walter étaient les pianos d’élection de Mozart en ces années 1780, précisément lorsqu’il écrivit ces sonates. Enregistré en novembre 2012 à Mondovi, Italie. © SM/Qobuz