Né à Madrid en 1991, dans une famille de musiciens, Pablo Ferrández est l’un des violoncellistes les plus exceptionnels de la nouvelle génération, et ce premier album pour Sony Classical (qui parait six années après un album de Concertos de Dvořák et Schumann pour Onyx Classics), témoigne de sa musicalité racée, alliée à une sonorité profonde. Beaucoup de délicatesse aussi, dans les phrasés et dans l’expression, comme témoigne en premier lieu l’Élégie, Op. 3 No. 1 de Rachmaninov, dont la grande Sonate en sol mineur, Op. 19 forme par ailleurs le cœur du programme : il y fera montre, avec son acolyte et ami, le pianiste Denis Kozhukhin (artiste Pentatone dont le récital Brahms en 2017 était mémorable), d’un grand sens de l’architecture et d’une retenue idéale, sans le moindre excès romantique (romantisant), notamment dans le Finale totalement décapé. Somptueux – dommage que la prise de son assèche un peu les timbres des deux instruments. « Pablo Ferrández est vraiment un artiste singulier … intonation merveilleuse, vibrato très raffiné, mains gauche et droite absolument irréprochables, et un véritable musicien », disait il y a quelques années Anne-Sophie Mutter de son jeune collègue. On ne peut guère lui donner tort.
Ce récital « Reflections », propose aussi quelques pages espagnoles, à savoir deux extraits des 7 Canciones populares Españolas de Manuel de Falla, en l’occurrence Nana et Asturiana, ainsi que Oriental des Danzas españolas d’Enrique Granados, avant de conclure par le célèbre El cant dels ocells, traditionnel catalan arrangé en 1939 par Pablo Casals. Dans ces miniatures, qu’il alterne avec des transcriptions d’autres pages de Rachmaninov (Vocalise), Pablo Ferrández continue de fasciner par la beauté de sa sonorité, véritable soleil noir, et des phrasés pénétrants ̶ Asturiana, magique ! © Pierre-Yves Lascar/Qobuz