C’est non seulement en tant que violoniste pour le concerto de Schumann, mais aussi comme chef, que se présente ici Thomas Zehetmair, à la tête en l’occurrence de l’Orchestre de chambre de Paris – l’ancien Ensemble Orchestral de Paris fondé par Jean-Pierre Wallez. Le concerto pour violon de Schumann souffre d’une sorte de malédiction ; jamais joué du vivant du compositeur qui l’avait achevé en 1853, répété puis écarté de la publication par Clara Schumann et Joseph Joachim en 1857, exhumé des archives privées des descendants de Joachim en 1937 et créé à Berlin dans une version lourdement modifiée par l’arrogant violoniste Georg Kulenkampff, il est ici joué dans sa version originale bien évidemment. Zehetmair poursuit à la baguette avec la Première symphonie « Le Printemps », dans une conception chambriste de la sonorité orchestrale qui convient parfaitement à cette partition très boisée. Et il termine avec la bien trop rare Fantaisie pour violon et orchestre, elle aussi de 1853, mais précédant le concerto de quelques mois : le compositeur l’avait conçue d’emblée pour (et un peu avec les conseils techniques de) Joseph Joachim, et rien n’interdit d’y voir une sorte de tremplin d’essai avant le concerto, même si le tissu mélodique et la forme s’en écartent assez sérieusement. Un ouvrage sombre et intérieur, du vrai grand Schumann de l’ultime période. Enregistré en février 2014 au théâtre des Champs-Elysées, Paris. © SM/Qobuz
« [...] nous parvient la nouvelle version de Thomas Zehetmair. C’est un retour de flamme après sa première gravure avec Christoph Eschenbach et le Philharmonia, déjà accompagnée de la Fantaisie op. 131 dans sa version originale (Teldec, 1992). Comme attendu, Zehetmair les anime avec un fort caractère. Son violon est plus corsé et charnu, plus sombre aussi, que celui de sa cadette, même s’il n’évite pas quelques légères acidités. Il revient ici à une poésie schumannienne plus classique, plus réflexive, sans gommer les aspérités de l’écriture, pas plus comme soliste que comme chef. L’Orchestre de chambre de Paris sait partout rester souple et attentif – et plus léger que le Philharmonia d’Eschenbach. [...] La Fantaisie op. 131 suit les mêmes principes. [...] La Symphonie n°1 est tout en légèreté rhapsodique : pulsation vive sans être précipitée, lignes anguleuses post-Harnoncourt jusqu’à un certain point. On admire également le travail sur les attaques, les nuances dynamiques, l’individualisation des pupitres, et la fraîcheur de l’inspiration.» (Diapason, mai 2016 / Rémy Louis)