Depuis que l’alto est considéré comme un soliste à part entière (début de XXIe siècle) et non plus comme un auxiliaire servant à remplir les voix médianes au sein d’un ensemble, son manque de répertoire se fait cruellement sentir. À titre d’exemple, sur les cinq cents concertos composés par Vivaldi pour les instruments les plus divers, aucun n’est consacré à l’alto. Seule la viole d’amour s’approche par sa tessiture, mais son accord et la présence de cordes sympathiques l’éloignent singulièrement de l’alto. Dès lors, les altistes ont systématiquement recours à la transcription s’ils veulent accéder au répertoire de leurs collègues violonistes ou violoncellistes. C’est le projet proposé ici par l’altiste allemand Nils Mönkemeyer. Né en 1978, il étudie le violon dans la ville de Brême avant de passer à l’alto, un cursus encore non dérogatoire dans ces années-là.
Son nouvel album est consacré à l’Italie, avec divers arrangements de concertos pour basson et violoncelle de Vivaldi, des pièces de Rolla et Tartini. La véritable découverte de ce programme est la Sonata per la Grand’Viola de Niccolo Paganini, lequel, rappelons-le, était aussi un altiste virtuose. La virtuosité funambulesque de cette oeuvre est augmentée dans cet enregistrement par une longue cadence imaginée par ce Paganini allemand qui sait capter l’imagination, la technique et les codes de son lointain modèle mais selon un langage radicalement d’aujourd’hui. L’effet poil-à-gratter est bluffant. © François Hudry/Qobuz