* En anglais uniquement
Inconnue il y a encore trois ans, Aya Nakamura s’est révélée par l’intermédiaire d’une série de titres diffusés sur internet. Quelques clips et une centaine de millions de vues plus tard, elle s’apprête à livrer son premier album, Journal Intime.
Il y a moins de vingt ans, les adolescents donnaient corps à leurs états d’âme en noircissant les pages de journaux intimes cadenassés et destinés à ne jamais sortir d’un cadre purement confidentiel. Deux décennies plus tard, la donne est complètement inversée : ce sont les réseaux sociaux qui leur servent à se raconter et à livrer leurs pensées les plus intimes, offertes au monde sans le moindre filtre. C’est dans ce contexte qu’a grandi Aya Nakamura, nouvelle icône d’une jeunesse aux codes diamétralement opposés à ceux de ses aînés. De la même manière qu’elle a développé, comme toute jeune femme de sa génération, le réflexe très naturel de partager la moindre de ses émotions ou de ses tracas à travers le prisme d’Instagram ou de Snapchat, elle a -presque instinctivement- inscrit sa musique dans le cadre du partage sans filtre de ses sentiments et des aléas de sa vie amoureuse.
La vie d’une artiste à succès fait rêver les foules, mais pose parfois des dilemmes cornéliens : comment rester proche de son public et l’intégrer à son quotidien, sans se laisser envahir ni perdre de vue sa vie personnelle ? Aya Nakamura semble avoir trouvé la réponse à cette question, en établissant un lien très direct avec ses fans, par l'intermédiaire de sa musique d’une part, mais aussi par une utilisation très pertinente des réseaux sociaux, lui permettant d’installer une complicité essentielle avec ses fans. Complémentaires, sa musique et ses interactions par écrans interposés se combinent donc : son public entre non seulement dans son univers artistique, en se retrouvant avec elle en studio, ou en découvrant en avant- première des extraits de titres inédits, mais aussi dans sa vie personnelle, qu’elle soit sur son trente-et-un en soirée ou en tenue décontractée dans sa chambre. Une connexion entre la chanteuse et ses “Nakamuroos” qui s’est notamment concrétisée par une vague de reprises des meilleurs titres d’Aya par ses fans : des vidéos postées par des enfants, des femmes, et même des jeunes hommes, qui illustrent d’une part le caractère viral de sa musique, et d’autre part, le lien unique qui s’est crée entre elle et son public.
Mais la jeune femme n’a pas toujours été une star de la musique. Jeune française d’origine malienne, Aya Nakamura a grandi dans une famille de griots, et a donc très rapidement attrapé le virus du chant. Particulièrement inspirée par sa mère, qui chante depuis toujours, elle n’a pourtant jamais misé sur la musique pour réussir dans la vie. Le succès, les apparitions dans Planète Rap et les fastes de la vie d’artiste ne sont que les conséquences involontaires du triomphe inattendu d’un premier titre posté sans la moindre prétention sur Youtube il y a trois ans : “J’ai mal”. En vingt-quatre heures, sans le moindre réseau à sa disposition, la machine était lancée. Quelques millions d’écoutes plus tard, elle se posait alors
une question légitime : s’agit-il d’un simple coup de chance, ou d’une destinée déjà toute tracée ?
Il n’aura suffit que de deux titres pour effacer tous les doutes de la jeune femme, et la faire entrer dans une nouvelle sphère. “Brisé”, premier véritable clip d’Aya, est un raz-de-marée qui cumule rapidement dix millions de vues. A mi-chemin entre un RnB français qui fait la part belle au chant, et des sonorités afro/zouk très rythmées, la chanteuse se distingue avec un style très personnel et moins convenu que bon nombre d’autres artistes de sa génération. Mais la véritable consécration arrive avec sa première collaboration aux côtés d’un artiste déjà établi : Fababy. Le tube “Love d’un Voyou” devient en quelques semaines un phénomène d’une ampleur qui surprend même les deux artistes, atteignant des chiffres dignes des plus grands cadors de l’industrie du disque en France : 40 millions de vues, et surtout des paroles reprises par toute une génération de midinettes fascinées par cette romance fictive entre un bad boy et une “petite fille devenue dame”.
Une ascension aussi phénoménale présentait cependant le risque d’une chute tout aussi brutale. Loin de se monter la tête, Aya s’est concentrée sur le travail sur son premier album, Journal Intime, et a continué d'enchaîner les tubes sans trop se poser de questions. Jeune maman depuis 2016, Aya Nakamura est ainsi entrée dans une nouvelle phase de son existence, celle où la jeune fille immature devient une femme active et ambitieuse.
Une évolution personnelle qui fait écho à son évolution artistique : passée du statut de révélation du RnB français à celui de valeur sûre de la musique urbaine, elle capte l’intérêt des principaux médias musicaux français, et fait naître une attente sensationnelle autour de la sortie de son prochain album, prévue le 25 aôut. Après avoir collaboré, par le passé, avec Gradur, Fababy ou Abou Debeing, elle continue de gravir les marches, et chantera sur Journal Intime avec les plus grands faiseurs de tubes du moment : MHD, Lartiste ou encore Keblack.
La proximité troublante entre la vie d’artiste et la vie privée d’Aya se retrouve jusque dans ses chansons : écrit comme un véritable journal intime, ce premier album fonctionne comme une extension des fonctions de partage des réseaux sociaux. Chagrins amoureux (“tu m’avais illuminé, te voilà éliminé”), récits de soirées débridées (“jeune femme sexy et élégante, j’fais tomber les hommes charmants”), réflexions sur l’amitié (“j’ai vingt ans, mes amis sont partis, j’ai beaucoup grandi”) ou l’entrée dans l’âge adulte (“devenir quelqu’un fait un peu peur”) ... Aya Nakamura chante ce qu’elle aurait pu coucher sur les pages d’un journal cadenassé si elle était née vingt ans plus tôt.