MRC

MRC

Artiste, Contributeur

* En anglais uniquement

Il y a des rappeurs qui débutent leur carrière mais ont déjà plusieurs vies, et une histoire plus complexe que celle d’artistes vétérans. Comme MRC, 21 ans, né à Sarreguemines, originaire de Strasbourg. Ce jeune rappeur d’origine turque est encore un gamin quand il fait son choix de vie : il veut devenir footballeur. À 12 ans, il quitte sa famille pour intégrer le centre de formation du Racing Club de Strasbourg, où il reste huit ans. Muhammet est présélectionné pour jouer en équipe de France et de Turquie, hélas il enchaîne les blessures. Il adore le foot, mais ses problèmes le font cogiter… Son destin bascule le jour où il balance au feeling un freestyle vidéo de 15 secondes sur son compte Instagram. On est en novembre 2015.
« C’était pour rigoler, sans me prendre au sérieux. Mais tout de suite j’ai eu un public, qui me demandait d’autres sons. J’avais un choix à faire, et j’ai choisi le rap ». Décision audacieuse pour ce jeune prodige plutôt réservé, mais que cet élément déclencheur va pousser à poursuivre sa route dans le hip-hop, à l’instinct. « Quand j’ai vu l’engouement devant ma vidéo, ça m’a choqué », se souvient Mohamed. « J’ai eu 20.000 abonnés d’un coup, tout le monde m’en demandait plus. J’avais un talent caché ».
Via les réseaux sociaux, les premières propositions de contrats débarquent. Son premier gros clip, « Paix Sans Guerre », flirte avec les 30 millions de vues. Débutant MC (« je ne savais pas encore ce que c’était qu’un 16 mesures ! »), Muhammet bosse comme un fou, enchaînant les allers retours Strasbourg-Paris pour enregistrer en studio. Travailleur acharné, il consolide sa fan base et se positionne clairement comme un artiste rap. Exit le football, MRC est dans le game.
Les textes sortent de sa plume à grande vitesse. MRC parle de la galère, de l’amitié, des codes de la rue, de la vie. Il part en Turquie, dans un quartier populaire d’où vient sa famille, pour tourner la vidéo de « La Rue ». Une nouvelle fois, le clip multiplie les vues sur YouTube de façon affolante. Après un premier album en indé, c’est Sony Music qui remporte la mise et parie sur ce jeune MC qui va enregistrer l’album marquant son entrée dans la cour des grands, « Zéro Code ». MRC affine sa plume, écoute les critiques, trouve son style, sélectionne des beatmakers avec lesquels il se sent en confiance.
Ses producteurs sont des gros calibres : Double X (Niska, Lacrim), L’Adjoint (Fianso, Soprano), l’équipe de DJ Erise (Keblack), Katrina Squad (SCH), Zak Cosmos de Belgique... Le style rappé chanté de MRC sort de l’ordinaire, et il est naturel : Muhammet privilégie le feeling, car il entend bien rester lui-même. « Le public attend des mélodies hors du commun, des bonnes instrus. Et il veut aussi entendre parler de réalité. Je n’ai que 21 ans mais j’ai déjà beaucoup vécu, j’ai surmonté des épreuves. Je viens d’une famille qui a commencé à zéro, mon père est venu de Turquie travailler en France en usine avec sa valise et une chemise ».
Les premiers morceaux à sortir des studios révèlent une grande maturité : « On Est Là », « Ma Zone » avec un feat de YL, « A la turka » avec un refrain en turc. Le titre de l’album ? « Zéro Code ». « Parce que c’est ça ma vie », explique MRC. « Chacun est capable de faire ce qu’il veut s’il travaille, qu’il est vif et déterminé ».
Après de multiples showcases et un gros concert devant 20.000 personnes à Saint-Étienne pour le festival de la Turquie, MRC est prêt à séduire un nouveau public, au-delà de celui qui le suit déjà depuis son désormais mythique freestyle en voiture.
Prêt à entrer dans la grande mêlée du rap, MRC sait déjà qu’il a pour lui une volonté sans failles, un insolent talent et la foi en sa bonne étoile. Olivier Cachin