Même si le clarinettiste Louis Sclavis est à l’origine de ces Asian Fields Variations qui paraissent chez ECM, le projet a réellement été conçu à trois, avec le violoniste Dominique Pifarély et le violoncelliste Vincent Courtois : « J’ai proposé que l’organisation du groupe soit réellement collective, et chacun de nous participe à la composition du programme. » Figures majeures de l’avant-garde jazz (mais pas que), les trois hommes se connaissent de longue date. Sclavis et Pifarély jouent ensemble dans les contextes les plus diverse depuis plus de 35 ans, et Sclavis et Courtois depuis deux décennies. Une connivence qui n’empêche jamais la spontanéité d’être au cœur de cet album. « Nous étayons également notre discours sur de nombreuses expériences de jeu différentes. Elles se reflètent à la fois dans ce que nous jouons et dans ce que nous écrivons. Ça nous permet de continuellement apporter de nouveaux éléments au projet et de creuser toujours plus profond. » Si l’instrumentation — clarinette, violon, violoncelle — fait clairement référence à la musique de chambre, le résultat est évidemment ailleurs. Ces trois musiciens ont toujours misé sur la liberté et l’écriture plutôt que sur un cadre ou des codes. Cet univers très européen trouve ainsi ses repères dans le jazz comme dans la musique classique ou contemporaine. Seul le propos compte. Et il est d’une intensité plutôt rare. Du sans concession qui permet à Sclavis, Pifarély et Courtois de passer de l’avant-garde libertaire pure à des séquences tractée par la mélodie pour un résultat intense. © CM/Qobuz