Aujourd’hui encore, la musique de Johann Sebastian Bach continue de résonner et d’inspirer de nouvelles générations d’artistes. Bien au-delà de l’âge baroque, religieux, qui l’a vue naître, loin du clavecin, des chorals ou de l’orgue pour lesquels elle fut composée, elle se laisse réinventer. "Bach Mirror", le second projet de Vassilena Serafimova et de Thomas Enhco pour Sony Classical, en donne une nouvelle preuve miroitante. Cette suite de treize éclats s’inspire en toute liberté de la musique du compositeur allemand, comme autant de jeux de miroirs avec les compositions originales, des miroirs aux reflets éclatés, inversés, troubles ou démultipliés.
Dans Avalanche, sur laquelle s’ouvre l'album, on reconnaît l’inspiration du Prélude en ut mineur du Livre I du Clavier bien tempéré tandis que Cantata naît de la douce et célèbre aria de la cantate BWV 208, mais s’en éloigne dans un miroitement nouveau. Silence n’est pas une simple transposition mais semble provenir d’un autre monde, qui connaît Satie et Debussy, l’art des soupirs et les jeux d’eaux. D’un motif, d’une harmonie, d’une humeur, Thomas Enhco et Vassilena Serafimova tirent des créations nouvelles où le son chaud et rond du marimba danse avec celui, cristallin, du piano.
Pour ces musiciens polyvalents férus de percussions et de syncopes, la musique de Johann Sebastian Bach n’est pas que contrepoints et architecture, c’est un souffle rythmique. "Bach Mirror", de bout en bout, est porté par des tempos allègres, virtuoses et vivifiants. Et par deux musiciens qui s’amusent comme des enfants sautent dans les flaques : pour le plaisir de regarder les nuages et le ciel changer dans les reflets. Et quand tout s’arrête, presque par surprise, on reste suspendu, un peu étourdi au bord d’un abîme, loin, très loin d’un simple hommage. © Sony Classical