Les sonates pour violon et piano de Brahms furent soumises à un dur criblage d’autocritique qui n’en laissa passer que trois, datant d’un âge mature et contemporaines, respectivement, du Concerto pour violon, du Trio pour piano en ut mineur et de la Sonate pour violoncelle No. 2. D’autres échos, intimes, y résonnent, provenant de lieder sur des poèmes de Klaus Groth. Cette atmosphère romantique d’un Brahms amoureux se reflète dans le jeu des interprètes de ce nouvel enregistrement Glossa : la violoniste Leila Schayegh et le pianiste Jan Schultsz. Schayegh joue sur une copie d’un violon d’époque avec un archet original du milieu du XIXe, tandis que le piano de Schultsz est un Streicher original de 1879. Les deux instrumentistes se proposent de récupérer la tradition interprétative que Brahms, évidemment, connaissait. Schayegh et Schultsz ont travaillé avec Clive Brown et Neal Peres da Costa afin de recréer « l'esprit au-delà de la lettre morte de la partition », en se focalisant avec le plus grand soin sur les questions interprétatives de la musique de cette époque. Et bien entendu, tout en nous offrant une réponse émotionnelle intuitive au lyrisme des deux premières sonates et au climat plus sombre de la Troisième qui imprègnent la musique de la fin du XIXe siècle. © Glossa
« [...] La Suissesse signe la première version du genre complètement convaincante [...] Les interprètes [...] dialoguent avec une liberté proprement inouïe, sans garder les yeux rivés sur le texte imprimé. [...] Le pianiste sait pertinemment où rejoindre sa partenaire pour épouser et renforcer sa ligne lorsque la musique l'exige. S'il faut plusieurs écoutes pour faire le tour des idées induites par cette nouvelle approche, on saisit la poésie qui en émane dès la première audition. Cerise sur le gâteau, [...] chaque transition sonne comme l'évidence même, et l'architecture tient debout toute seule dans l'enchaînement des sections [...] » (Diapason, novembre 2018 / Nicolas Derny)