À ne voir en Gounod qu’un magistral compositeur de grands opéras à la française, on en oublie qu’il écrivit aussi, entre autres œuvres diverses, quelque cent cinquante mélodies tout au long de son ample carrière. Fait assez remarquable, près d’un tiers de ces pages ont été écrites en anglais (lors de ses années londoniennes, de 1870 à 1874), une quinzaine en italien, quelques-unes en espagnol et en allemand. Il en reste néanmoins bon nombre en français, parmi lesquelles Tassis Christoyannis et Jeff Cohen ont choisi vingt-quatre perles, un éventail complet allant de la toute première mélodie publiée – Où voulez-vous aller de 1839, l’année de son Prix de Rome ! – jusqu’à À une jeune Grecque de l’ultime maturité, en 1884. Le compositeur passe par tous les styles qui lui étaient chers, avec l’éclectisme qu’on lui connaît : romantisme français, Lied à l’allemande, orientalisme, écriture archaïque à l’ancienne… Sensible au sens des mots comme à leur sonorité, au balancement des vers, à la variété des périodes, Gounod excelle à trouver le mouvement mélodique qui colle aux inflexions de la prononciation, au rythme du débit expressif de la parole, établit les respirations qui sont l’alpha et l’oméga de l’éloquence. Chez lui, à la différence sans doute de son illustre aîné Berlioz, la musique est au service du mot qu’elle doit porter et rehausser si possible. Découvrez ce délicieux chapelet de perles, des œuvres qu’on aimerait entendre bien plus souvent en récital. © SM/Qobuz