Le troisième volume de ce quadriptyque discographique des trios, quatuors et quintettes à clavier de Dvořák est consacré aux deux Quintettes à clavier et aux Bagatelles, le Trio Busch étant rejoint par l’altiste français Miguel da Silva – un ancien du quatuor Ysaÿe de 1984 à 2014 – mais aussi par la violoniste Maria Milstein, artiste associée à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. Ce projet ambitieux a vu le jour grâce à l’arrivée en résidence à la Chapelle Musicale du jeune trio anglais Trio Busch en septembre 2014. Le Premier Quintette avec piano en la majeur, composé à la fin de l’été de 1872, aurait pu être perdu pour la postérité, puisqu’il semble que Dvořák ait détruit son manuscrit. Un ami en avait toutefois fait une copie, qui permit à l’œuvre de survivre au jugement impétueux du compositeur. L’assurance avec laquelle le compositeur traite la combinaison piano et cordes est incontestable ; en bien des endroits, la partition préfigure le célèbre Deuxième Quintette qui referme cet album. À ce stade de sa jeune carrière, les influences restent manifestes, en particulier Schubert. Alors qu’il passait en revue ses œuvres antérieures, comme il faisait périodiquement, Dvořák se souvint de son quintette de jeunesse et demanda au fidèle ami son exemplaire de l’œuvre. Comme c’était souvent le cas chez lui, la réflexion sur une œuvre ancienne conduisit à la composition d’une autre dans la même forme, de sorte qu’il acheva un nouveau quintette en l’espace de quelques six semaines seulement et 1887, à un moment où il approchait du faîte de sa renommée internationale. Entre ces deux piliers pour quintette, nos musiciens ont choisi de nous donner les Bagatelles de 1878, initialement conçues pour deux violons, violoncelle – pas d’alto donc – et harmonium, un instrument à clavier domestique très répandu en ce temps. Composées au même moment que le premier recueil de Danses slaves, les Bagatelles en partagent les accents nationaux. Elles sont ici données non pas avec harmonium mais piano puisque l’édition originale elle-même propose le choix aux interprètes. © SM/Qobuz