Voilà bien un album déroutant ! On y trouve à la fois des orchestrations signées « Hilarion Alfeyev » de deux œuvres d’orgue de Bach (pas nécessairement très réussies, soit dit en passant, même si elles restent dans le cadre de l’orchestre de Bach, on n’est pas dans les délires à la Stokowski), la Suite en si mineur avec l’exemplaire flûtiste Alya Vodovozova, et surtout la cantate Ich habe genug, merveilleusement chantée par le baryton Stephan Genz. Genz dont la voix de velours, l’élocution impeccable, et surtout l’absence totale du moindre égo dans une émission vocale extraordinairement tendre, renvoie bien des enregistrements précédents (y compris des « références », comme par exemple Fischer-Dieskau) au bac à sable. Chose assez inhabituelle, Genz est ici accompagné par l’Orchestre National de Russie, lequel ne se singularise pas habituellement dans ce répertoire ; et plus inhabituelle encore, ledit orchestre est dirigé par le métropolite Hilarion (et non pas « Hilarion Alfeyev » : Hilarion est son nom monastique, Alfeyev son nom pour l’Etat-civil), un étonnant polymathe tout autant à l’aise dans le domaine de la théologie, des langues anciennes, de la philosophie que de la musique, puisqu’il compose lui-même et n’hésite pas à diriger – avec une extraordinaire modestie dans son élocution musicale – les grands ouvrages du répertoire sacré. © SM/Qobuz