Le très select consort de violes Fretwork s’est fait connaître en 1987 par la publication de In Nomine, son premier album consacré à la Renaissance anglaise qui contenait l’intégralité des œuvres de Thomas Tallis composés pour cette noble famille instrumentale. Ce premier disque des musiciens anglais avait séduit le compositeur George Benjamin au point de lui inspirer sa composition Upon Silence, qui rétablissait le lien pour un genre instrumental disparu à la fin de la Renaissance. Le compositeur et ses interprètes allaient dès lors ouvrir la voie de la résurrection pour des sonorités très prisées au XVIe siècle avant la création de la famille des violons par les grands luthiers italiens. Michael Nyman, Sir John Tavener et bien d’autres allaient enrichir à leur tour le répertoire de l’ensemble Fretwork qui deviendra du même coup, presque malgré lui, un pionnier de la musique contemporaine avec plus de 40 œuvres écrites à son intention. Plus de trente ans après, voici In Nomine II, comme un miroir tendu à la propre trajectoire des instrumentistes de Fretwork. Dans la continuité de leur « opus primus » de 1987, les voici explorant trois siècles de musique : le XVIe, base de leur travail, notre XXIe siècle avec deux compositeurs minimalistes, américain pour l’un, Nico Muhly, anglais pour l’autre, Gavin Bryars, en passant par le XVIIe avec un hommage au grand Purcell, figure tutélaire de la musique anglaise. Ironie de l’histoire, si le violon a supplanté la viole au point de la mettre au musée, cette dernière a encore son mot à dire et prend une belle revanche aujourd’hui. © François Hudry/Qobuz