Le titre de l’album « Latin Winds » renvoie tout bonnement à de la musique pour ensemble de vents écrite dans la sphère ibérique et latino-américaine. L’ensemble ici officiant est l’exemplaire Orchestre de vents du Royal Northern College of Music basé à Manchester, un de ces phénoménaux orchestres de vents (élargis à la percussion, et avec adjonction d’une contrebasse pour certains passages vraiment trop graves, ainsi que la harpe). Le monde latino-américain peut lui aussi s’enorgueillir d’une grande tradition d’orchestres de vents, ainsi qu’en témoigne l’ample répertoire que leur a consacré Villa-Lobos par exemple, mais aussi Carlos Chávez. On découvrira ici deux ouvrages majeurs du génial Brésilien, le Concerto grosso – son ultime grande œuvre, achevée l’année même de sa mort, 1959 – et la Fantasia em Três Movimentos (em forma de chôros), même si elle n’appartient pas à la série des Chôros des années vingt. En effet, la Fantaisie date aussi de l’ultime période du compositeur, 1958.
De Chávez, on entend l’ « Ouverture républicaine » Chapultepec, assez éloignée de ce que l’on a l’habitude d’entendre du grand Mexicain : le modèle est ici Sousa, un Sousa qui aurait légèrement trempé dans la téquila. Chants populaires mémorables, rythmes clairs et traditionnels, l’auditeur passera un bon moment. En guise d’intermèdes, l’album propose deux pièces de Rodrigo, dont Per la flor del lliri blau de 1934 – cinq ans avant le mémorable Concierto de Aranjuez donc – d’une féroce énergie alternant avec des passages de harpe tout à fait hispanico-guitaristiques, surtout lorsqu’entre le cor anglais pour chanter une romance chevaleresque : on pense tout de suite au mouvement lent du célèbre concerto pour guitare. Tout un répertoire méconnu qui mérite cent fois d’y prêter l’oreille, surtout lorsqu’ainsi bien joué. © SM/Qobuz