Comme son nom l’indique, la série Opera Omnia de Witold Lutosławski entend proposer in fine l’intégrale du compositeur, sans que le projet ne soit particulièrement pressé – en fin de compte il s’étale sur plusieurs années. Le septième volume est consacré aux nombreuses pièces que le compositeur a écrites pour les enfants, non pas pour qu’ils les jouent ou les chantent, mais pour qu’ils les écoutent. Car on peut pester tout ce que l’on veut contre les infâmes dictatures de l’ère communiste (et l’auteur de ces lignettes s’en prive d’autant moins qu’une partie de sa famille vécut dans l’une de ces effarantes prisons à ciel ouvert), mais les efforts de diffusion culturelle, en particulier auprès de la jeunesse, étaient réels et d’ailleurs fort efficaces. Et on n’hésitait pas à mettre à contribution les plus grands noms des pays, en l’occurrence Lutosławski qui écrivit pour la Radio Polonaise ces fantastiques miniatures, toutes datées des années 1950. Loin de toute flagornerie politique ou de toute gnangnantise didactique, le compositeur se saisit de textes (et parfois de mélodies) populaires et traditionnelles pour les transformer en un monde magique, certes d’un abord harmonique assez aisé, mais toujours d’une immense exigence de qualité, de sorte que les enfants peuvent en goûter les beautés et le texte, tandis que même le plus chevronné des musiciens professionnels y trouvera une joie de tous les moments dans la stupéfiante écriture instrumentale, polyphonique, vocale et harmonique. Le chœur de garçons du Forum National de Musique, l’Orchestre de Wrocław, le Quatuor Lutosławski, le quintette LutosAir, les voix solistes – souvent des enfants, mais de quelle qualité ! – joignent leurs forces pour honorer ce superbe répertoire quelque peu négligé du grand Lutosławski. © SM/Qobuz