Que l’aimable mélomane ne cherche dans le titre de cet album, La dolce vita, aucune allusion fellinienne. Monteverdi est et reste un Mantouan puis surtout un Vénitien, sans lien particulier avec la Rome dépeinte par le cinéaste. Tout au plus peut-on voir dans l’enregistrement de la Lautten Compagney et la soprano Dorothee Mields (qui chante pratiquement dans toutes les pistes) une sorte de succession de scènes – comme dans le célèbre film –, en l’occurrence des « scènes musicales » tirées des divers grands recueils de Monteverdi : les livres de madrigaux, quelques ouvrages sacrés, et surtout les deux chefs-d’œuvre de l’utime maturité que sont les Madrigali guerrieri e amorosi et la Selva morale e spirituale. La Lautten Compagney, malgré son nom, n’est pas un simple ensemble de luths mais un orchestre baroque et Renaissance faisant appel à l’instrumentarium de l’époque : violons, altos, gambe, contrebasse/violone, percussion, clavecin, orgue, théorbe, flûtes à bec, cornet, guitare baroque, et aussi – quand même – le luth que joue le meneur de la compagnie, Wolfgang Katschner. Bien sûr, toutes ces œuvres ont déjà été enregistrées cent fois, mais dans le cas de cette musique, la grande liberté que laissent les partitions – souvent très imprécises quant à l’instrumentation – permet que chaque nouvelle interprétation est en quelque sorte une re-composition. Saluons donc l’arrivée d’un Monteverdi nouveau ! © SM/Qobuz