En 1896 arriva sur le marché le célèbre entremets Francorusse, qui célébrait tout en onctuosité l’alliance entre la France et la Russie signée quelques années plus tôt, tandis que le pont Alexandre III rendait hommage au tsar à l’initiative de l’alliance. Ainsi se cristallisait la russophilie ambiante, même si depuis le milieu du XIXe siècle déjà, de nombreux Français s’étaient installés à Moscou pour y travailler tandis que des Russes, industriels et artistes, venaient à Paris pour y faire fortune, et se faire connaître, notamment à la faveur des expositions universelles de 1878 et de 1889. Parmi eux, quand même, les frères Anton et Nikolaï Rubinstein, et Tchaïkovski dont la Quatrième Symphonie fut jouée en janvier 1880 au Châtelet sous la direction d’Edouard Colonne. Tandis qu’autour de Rimski-Korsakov, les musiciens du groupe des Cinq s’affairent à créer une nouvelle esthétique mettant en valeur le patrimoine musical populaire de la Russie légendaire, en France, après Berlioz, Gabriel Fauré maintenait la tendance à un vibrant romantisme issu de Chopin et de Schumann, partagé à la fin du siècle par Sergei Rachmaninov. Tout se mêle ! C’est le sens de la perspective Paris-Moscou voulue par le violoncelliste Christian-Pierre La Marca et la pianiste Lise de la Salle, l’esprit de la lancée russophile, que les deux solistes illustrent en balançant de Fauré à Rachmaninov, de Saint-Saëns à Stravinski, de Prokofiev à Massenet : des pièces isolées – mélodies ou romances transcrites pour le violoncelle, souvent à l’époque même des compositeurs voire par eux-mêmes –, avec en pivot central la monumentale sonate de Rachmaninov. © SM/Qobuz