On ne peut reprocher au soprano ingénu de Katharina Konradi, originaire de Bischkek au Kyrgyzstan, de manquer d’élégance, un rien froide, jusqu’à rappeler parfois le timbre d’une certaine Gundula Janowitz, comme le suggère les délicieux Lied der Freiheit ou Warnung de Mozart (K. 506, K. 433), ou mieux encore l’interjection « Und du ! » de l’expressif Das Lied der Trennung. On pense parfois aussi à la jeune Lucia Popp… En tous cas, les six pièces de Mozart présentes au sein de ce récital tombent assez naturellement dans la couleur de voix de Katharina Konradi (née en 1988), parfaite Zerbinetta. Elle se délecte des lignes légères, en flattant leur caractère aérien, plutôt que des textures un rien plus denses et sombres de Schubert (Luisens Antwort, D. 319) ou Strauss, où certains reprocheront un manque de plénitude dans des registres plus graves (Suleika I, D. 720, Die junge Nonne, D. 828). Malgré un Daniel Heide ici peu coloriste au piano (il semble plus inspiré avec André Schuen), ce récital publié par le très intéressant label CAvi-Music donne envie de guetter les futurs projets d’une soprano intrigante. © Pierre-Yves Lascar/Qobuz