Prélude à une tournée qui s’annonce intimiste, cet album aux arrangements dépouillés est principalement constitué de reprises tirées de l’œuvre déjà importante (5e album en dix ans de carrière) de Julien Doré. Il faut dire que ses dernières folies live ressemblaient davantage à un film de Cecil B. DeMille (deux tournées de Zénith, décors monumentaux, une équipe de plus de 60 personnes…) que d’Eric Rohmer. Il était donc naturel – voire sain – pour lui de revenir à une certaine sobriété. Mais qui dit sobriété ne dit pas pour autant excès de sérieux. On retrouvera donc avec délectation l’humour légendaire du chanteur dans certains des morceaux de Vous & moi, notamment une reprise surréaliste d’Africa de Rose Laurens, chanté en duo avec Dick Rivers !
Et qui dit dépouillement orchestral ne signifie pas seulement simples « piano/voix », même si l’album en comprend quelques-uns, (Porto-Vecchio, Romy, Magnolia). Dans certaines chansons, le piano est agrémenté d’une percussion (De Mes Sombres Archives) ou bien de discrètes sonorités électroniques (Caresse). Et sur d’autres plages, le piano est tout simplement absent pour laisser la place à des guitares (Le Lac) ou bien une boîte à rythme analogique à la simplicité déconcertante (Coco câline). Outre Africa, Julien Doré se fend d’une autre relecture étonnante, celle d’Aline, le tube de Christophe. Sur le tempo d’une valse lente, la chanson prend une dimension totalement inattendue, plus émouvante que la version originale de 1965 – d’autant que Julien Doré chante le refrain avec un petit chœur qui semble improvisé, comme lors d'un concert intimiste… © Nicolas Magenham/Qobuz